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Ladakh, Keylong-Leh road

Les hauts plateaux du Ladakh

Ladakh route
Ladakh, Keylong-Leh road
Ladakh, Leh
Ladakh, Leh

Ladakh en stop

De Keylong à Leh

6h30 Keylong, départ pour la seconde partie de la traversée jusqu’à Leh et le Ladakh. Le plan initial se résumait à un bus pour nous avancer d’une trentaine de kilomètres, puis, de s’en remettre au destin pour qu’un taxi partagé nous passe sous le nez avec deux places de libre. Nous avons de l’avance sur l’horaire, pour nous dégourdir les jambes, nous décidons d’avancer un peu à pied et de lever le pouce de manière hasardeuse. S’en remettre au destin c’est toujours plus confortable que de devoir s’organiser.

Le destin, c’est souvent ce qui permet de se faire une idée sur la populaire locale. À Delhi, ce dernier nous a rapidement chuchoté « barres toi de là ».

Cinq minutes matinales s’écoulent, une dépanneuse nous offre un ride de 100km sur fond de transe made in Goa avec un premier passage de col lunaire offert. Nous n’avons pas de langue en commun, mais certains morceaux de musique valent mieux qu’une conversation. La dépanneuse trouve enfin son naufragé après un trajet démesurée et s’en repart traverser les montagnes, nous laissant dans cet oasis. Au milieu de la pampa Himalayenne livré au bon vouloir d’autrui, nous lorgnons ce groupement de petites gargotes offrant gîte et couvert aux routiers qui sillonnent la longue route désertique qui mène au Ladakh. Ne me demandez pas d’où sortent les gens qui tiennent ces dernières. L’Himalaya est encore plein de mystères non élucidés. À peine quelques minutes s’écoulent, trop courte pour un repas, avant qu’un convoi de cinq poids lourds ne nous ouvrent leurs portes pour une traversée de 260km. Peu de voyages offrent un spectacle aussi grandiose et déroutant. Je m’étonne encore que les guides touristiques ne recommande pas le périple à bord d’un quinze tonnes qui, avec son rythme de croisière de 30km/h vous permettra de profiter du paysage en toute tranquillité.

Au total c’est près de 14h et 360km de route entre 4000 et 5200 mètres d’altitude qui nous mèneront à la ville époustouflante de Leh.

Nombreux sont les voyageurs qui se rendent dans cette région du monde en avion, en quelques heures à peine, depuis Delhi. Nous auront mis près de trois semaines à atteindre ce but qui nous semblait inaccessible en cette saison par voie routière jusqu’aux derniers jours. À notre arrivée à Leh, de nuit, à peine le temps de mettre un pied devant l’autre que la voiture du député de je ne sais plus quoi s’arrête, nous invite à monter à bord, et nous trouve un endroit où dormir après quelques coups de fil. Ce soir dans notre lit à couverture chauffante, nous nous félicitons de n’avoir céder aux sirènes de la simplicité qui aurait sûrement rendu fade l’arrivée, et qui surtout, aurait appauvri le voyage. Heureux comme si nous avions traversé un océan en pédalos ou gravi l’Everest sur un pied et sans chaussettes, nous trépignons maintenant d’impatiente d’arpenter cette région lointaine qui a nourrit tant de grands récits.

Ladakh, Leh
Ladakh, Vallée de la Nubra
Ladakh, Leh
Ladakh, Leh

Vallée de Shayok

Turtuk, à la frontière pakistanaise

Les routes sont d’un asphalte incroyable. Plus nous nous enfonçons dans les profondeurs de l’Himalaya plus la qualité du bitume s’améliore et plus la présence militaire s’alourdit. Évidemment les deux faits sont liés.

Il y a quelque chose d’excitant à frôler les frontières d’un autre pays. C’est comme un flirt. Des bribes de cultures pakistanaise s’échappent de la frontière, une ligne qui ne veux finalement pas dire grand chose pour les autochtones. On ne définit pas ses racines en fonction d’un nom sur les cartes modernes.

Turtuk est l’un des derniers villages avant le Pakistan. Il a déjà un goût d’ailleurs et nous souffle un vent oriental. Le muezzin couche le soleil, les femmes s’enroulent la tête de tissus, et dans les déserts de sable d’altitude qui entoure le village, des chameaux broutent paisiblement. Incroyable n’est-ce pas ?

Sillonner ces routes en stop enrobe chaque village d’un air de bout du monde. Nos déplacements nous prennent un temps fou alors qu’un taxi arriverait en 2h à destination. Le fantôme du tourisme de masse rôde dans chaque contrefort de l’Himalaya. Nous ne le croisons jamais en face à face. C’est la fin de la saison touristique. Les hôtels sont fermés, trouver un restaurant ouvert relève parfois de la chasse au trésor. Les vallées ne vivent désormais que pour les gens qui y habitent, et nous sommes soulagé de le constater. Nous semblons être les derniers survivant de la tribu turisticus, seul pour profiter de l’immensité des lieux tintés d’agréables notes automnales. Peu mécontent la disparition de nos semblables.

Nous comprenons au fil des conversations (le terme est un peu exagéré) que la neige censée nous chasser en Novembre n’est plus qu’une légende depuis quelques années. Les hivers sont devenu court et sec. Même sur les toits du monde, la neige est une denrée devenue rare, les glaciers disparaissent et l’eau avec eux. Ici le réchauffement climatique est deux fois plus rapide que partout ailleurs. À méditer. L’endroit est propice à cela.

Ladakh, Chèvres à Turtuk
Ladakh, Vallée de la Nubra
Ladakh,moulin à prière à Lamayuru
Ladakh, Turtuk
Ladakh,Turtuk
Ladakh,Turtuk
Ladakh, Vallée de la Nubra
Ladakh, Turtuk

Le Ladakh en automne

Une autre approche du froid...

Bonjour cher pays,
Je vous écris depuis ma chambre d’hôtel à simple vitrage (et à vitrage inexistant côté salle de bain) dans un endroit où le soleil passe derrière les montagnes à 14h30. Je suis actuellement localisée sous trois couvertures en pilou-pilou surmontées du manteau en plume de mon époux. (L’Inde est de ces pays où il vaux mieux s’inventer un mariage.) Ce dernier a préféré opter pour le footing pour produire de la chaleur (et accessoirement gagner un record virtuel en sprintant le long de la frontière pakistanaise). Chacun sa technique de survie. Bref vous l’aurez compris, il commence a faire froid.

Serrée contre mes voisins du bus s’empiffrant de chips, je profite de la chaleur humaine pour enlever mes gants et enfin taper quelques phrases sur mon téléphone.

Est arrivé le jour où il commence à faire vraiment froid. J’avais clairement sous estimé la négativité des températures dans ce pays. Tel un oignon, je porte toutes les couches superposables possible de ma garde robe.

La gamme colorimetrique du paysage s’amenuise , les journées se raccourcissent, et les petits villages so typico deviennent de plus en plus désert. Ces braves gens préfèrent gagner quelques faibles degrés dans leurs maisons plutôt que de poser pour la photo.

Dans les maisons d’hôtes de parpaings, construite à la va vite pour satisfaire le touriste, l’isolation est inexistante. Quand aux joints, à la limite qui se fument, en aucun cas ne servent à colmater les entrées d’air glacial qui se faufile le long des dizaines de petits carreaux en simple vitrage. Ces murs de lumière sont certes très esthétiques lorsque le soleil chauffe, mais cette futilité estivale est un calvaire à l’arrivée de l’hiver. Chauffer les chambres n’a jamais était une option, de toute façon elle serait vaine.

La nuit, l’eau courante est coupée, au risque de faire peter tout le système de canalisation. Les douches chaudes sont donc mises de côté et pour les toilettes on se passe aisément des 6 litres d’eau requise en temps d’abondance.

Tous cela nous rappel un peu notre vie de caravanier. Quelques pièces textiles indispensables sont néanmoins manquantes, et la possibilité de se réfugier dans des endroits publics chauffés fait également défaut.

Bien sûr ces braves gens ne passent pas l’hiver dans le parpaing, mais dans des maisons traditionnelles en terre, qui elles boivent la chaleur et isolent. Ils se massent autour d’un poêle et délaissent les chambres individuelles pour vivre les uns sur les autres dans l’unique pièce chauffée au kérosène, crottes et brindilles. Les douches quand à elles sont un loisir d’occidentaux à cette période de l’année. L’eau est précieuse, et l’hygiène ne fait pas partie de l’équation survie.

Je comprends maintenant pourquoi je n’ai trouvé aucune information sur le Ladakh à cette période de l’année. Il fait froid, et ni la raclette ni le génépi sont arrivés jusqu’ici.

Ladakh,Lamayuru monastère
Ladakh,moines à Lamayuru
Ladakh,Lamayuru monastère
Ladakh, Vallée de la Nubra

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