Petra, la cité pas tant perdue.
C’est un étroit couloir coloré de milles et une nuances de roses, aux courbes dansantes, qui mène à la cité millénaire. Transportés lentement vers le passé, le cœur palpitant d’impatiente comme celui d’un enfant, nos pas débouchent enfin sur le monument principal, celui de toutes les photos, et là… c’est la foire.
Retour brutal au monde moderne. Le grand spectacle de l’homos-touristicus. Les influenceuses en tenue de gala s’entassent entre les dromadaires et autres fantaisies pour feignants. Les petites gens, un peu trop euphoriques, à la vue de l’animal du désert, en oublie que la chose est vivante. Ils enchaînent les selfies de grande qualité avec la pauvre bête. S’ajoute à cela les bédouins, qui, en boucle, vous invite à venir dans les hauteurs, brandissant l’image d’une ifluenceuse-bombasse-d’Instagram sur le fameux-point-de-vue-à-photo. Moyennant une jolie somme, l’entrée (pas si secrète) est à vous.
Passée l’étape photo, (qui peux vous absorber plusieurs minutes dans un autre univers) l’incroyable cité vieille de 2000 ans, logée au creux des sommets rocailleux, s’offre généreusement au visiteur. Une mégalopole s’étalant sur des kilomètres à la ronde, nécessitant plusieurs jours pour la visiter. Un vrai trip qui nous transporte de notre chambre d’hôtel (après quelques kilomètres de marches) à l’empire démentiel des Nabathèens.
De jeunes Jack Sparrow du désert, montés sur leurs ânes, trottinent dans la montagne à la recherche d’un touriste trop feignant à secourir contre une belle liasse de billets. Pendant ce temps, d’autre jouent du pipeaux (plutôt mélodieusement) devant leurs boutiques pour attirer le vieux blanc, enivrer par tant de folklore. Chameaux, chevaux et ânes tentent parfois une grève en se barrant à toute berzingue dans le site. Il faut dire que leurs conditions de travail sont restées les mêmes qu’il y a 2000 ans.
Il n’y a que les chèvres, au faciès préhistorique flippant, qui semblent vivre leur meilleur vie. La langue collée, sur un délicieux cailloux un peu salé, ou chiant généreusement dans le tombeau du roi. L’espèce semble régner en maître (par le nombre, je vous rassure) sur le site, et aucun recoins ne leur est inconnu.
Les invitations “ to have dinner tonight in my cave” foisonnent, mais il faudrait travailler un peu la présentation pour ne pas passer pour un dégénéré. Il faut imaginer Jack Sparrow, et son âne donc, qui après un air oriental de flûte, vous invite à manger un poulet et à faire un feu, dans sa grotte.
Comme dans tous lieu du monde confronté à l’arrivée soudaine et massive de touristes, les enfants courent pieds nus pour vous demander en boucle un “bisqit”, ou pour les plus studieux un “pen”, et allant rapidement jusqu’au billet, qui vaut l’esquivaient d’1€10 l’unité quand même.
En descendant vers le sud, c’est une Jordanie organisée pour le tourisme ultra encadré, où le blanc lâche des sommes pharamineuses pour voyager. Les prix explosent, et les bédouins-malins ont savamment organisés leur business. Pas de concurrence, c’est le prix à payer mon vieux, et personne ne le descendra pour avoir le touriste. Terminée l’honnêteté, les yeux se baissent et trahissent le mensonge. C’est le jeu. Il fait juste un peu plus mal à l’arrière train quand tu es au courant.
Sous l’incroyable beauté naturelle et historique du site, se cachent pourtant les habituels points noirs liés au tourisme de masse et à la brusque modernisation des modes de vies.
Les folkloriques bédouins, passé 17h, galopent comme des gangsters, rap à fond de balle sur leurs ânes et dromadaires. Ces messieurs ne paraissent pas tant que ça s’épanouir dans leur nouvelle vie d’animaux de foire, et de vendeur d’objet type quinquillarie Gifi orientale. Étonnant non ? Le grand peuple de nomade du désert fut invité à quitter leurs petites grottes cosy pour rejoindre un charmant village de caractère 100% béton en bordure de Petra afin d’ouvrir le site au touriste du monde entier. Enfin bon, Petra tout de même sacrément amazing, et sous toutes les coutures.