Wadi Rum.
On pourrait croire que c’est un enfant de 6 ans qui a construit ce village. Dans les ruelles de sables, traînent des roues, et des alternateurs usés, mais aussi des carcasses de 4×4, et des déchets en tout genre. Des enfants pour la plupart sans godillons, jouent au football entre les dromadaire sur un terrain emmuré de parpaings. C’est étrange, jamais une photos de ce village n’est passé sur mon écran lors de mes recherches. Un bon gros bordel digne de mecs qui n’ont jamais vécu entre 4 murs, juste à l’entrée de la carte postale la plus instagramée du pays. Le bédouin ne semble pas vraiment dans la finition. Passé le village, c’est l’autoroute des tours à touristes. Difficile de passer une moment seul dans ce désert grandiose, un lieu magique, car selon les dire de notre hôte, les 4×4 y consommerait 1L au kilomètre… Ceci expliquant les prix démentiels pratiqués dans ce bijou naturel décoré de béton et de déchets plastique.
Aqaba les pattes
Les cafards traversent la chambre d’hôtel. Léo me dit qu’il a nettoyé la cuvette des chiottes avec ses chaussettes et du savon et qu’on montera la tente sur le lit.
Les regards vicieux se délectent du moindre morceau de peau, jugent sans avoir besoin dire un mot. Nous, peaux blanches, devenons zoo humain. Il est trop difficile de résister à l’eau cristalline et au doux rayon du soleil. Leurs règles, suivies du mieux possible dans le reste du pays, tombent brutalement à l’eau (de mer) à la vue de l’entendue salée. Alors les paires d’épaules dénudées font l’effet d’un film porno. La gente masculine, de tout âge, fixe bêtement, sans éprouver la moindre gêne. Les mains traînent, et frôlent inopinément une cheville ou un bras. Le fossé se creuse entre deux sociétés. La colère monte. Ici plus que partout ailleurs, le contraste est si fort, qu’il est impossible de ne pas comprendre le pitoyable statue de ces dames. La femme habituellement emmurée et ensevelie sous le tissus noir, maintenant dévoilée en publique fait le même effet qu’une espèce animale rare dans un zoo. Alors on charge ses yeux de toute la haine qu’un regard peut contenir pour se défendre poliment. J’ai le même statut que toi et ta paire de couilles.
Il faut le dire, la Jordanie, c’est très beau, il n’y a pas de doute sur ce point. Mais, peut-être que ce sera la goutte qui fera déborder le vase. Il devient de plus en plus difficile de voyager simplement sans prendre les routes ravagées du tourisme. Tout est buisness, tout est argent. Le monde semble être devenu un parc d’attraction géant. L’échange honnête et désintéressé est laborieux voir, impossible. Même le stop dans ce pays coute cher. Et puis, on ne va pas se mentir, il y a un réel choc des cultures. Nous ne vivons pas dans les mêmes mondes, et cela il faudra plus d’un mois de voyage pour en maitriser toutes les facettes. Je ne sais que penser de ce voyage. Nombreux sont les sujets qui nous aurons bousculé, comme celui de la condition féminine, ou ce tourisme accéléré d’ultra consommation qui écrase tout sur son passage, mais surtout cette vision d’un pays où tout à commencé, mais où tout se terminera aussi. Ce voyage était inattendu, voilà.