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L’été à l’italienne

5000km sur les routes nationales italiennes,
carte postale d'un road trip cap au Sud

Il y a quelque chose d’hypnotisant dans le bleu de la Méditerranée. Un bleu profond, enivrant, subjuguant. Le bleu de l’eau qui revivifie, celui qui rafraichi. Espace infini, plongeant notre être dans la sérénité, et le calme des profondeurs. Entre ses vagues si timides se reflètent toutes les nuances du ciel, camaïeu de cyan, ondée turquoise, flots bleu marine, abîmes bleu profond, reflet bleu ciel, palette insaisissable d’un autre monde. Nos corps presque nus et si petits se laissent docilement caresser par l’étendue d’eau démesurée. Instantanément, une sensation de libération et de bien être nous enveloppe, et c’est notre personne toute entière qui s’oublie dans la masse.
 
Regards aguicheurs, corps dénudés, brillants, et transpirants. Proximité des chairs au milieu des étendues d’eau salée. Peaux moites collant les unes aux autres.
C’est le moment des amourettes, de la séduction sans prétention. Celui de la nature généreuse, chaleureuse, et bienveillante. La nourriture tombe des arbres, les vêtements n’ont plus vraiment d’utilité, les maisons n’abritent plus du froid. Vivre en dehors du monde est d’une simplicité enivrante. C’est le temps des grandes libertés. L’homme peux retrouver pour un instant sa nature primaire et sauvage.
Rechercher l’authenticité, fuir ce qui est façonné pour plaire.
Les ruelles aux pavés lustrés, aux façades trop flamboyantes, et aux petits restos trendy. Petits centres commerciaux à ciel ouvert, d’où l’on a chassé les vrais habitants pour ne peupler ses villages que de travailleurs de passage.
Ne plus vouloir chercher ou se perdre. On veux venir vite, voir beaucoup, consommer encore plus que d’habitude, sans perdre de temps, car le temps c’est de l’argent. 
 
On cherche simplement un peu de vrai, de naturel dans ce monde lissé. Je guette ces beaux visages abîmés par les éléments et le temps qui passe. Ces endroits où la mondialisation et la modernité n’ont pas encore réussi à chasser les traces d’un passé, d’une histoire. Et les derniers à avoir encore un peu d’authenticité sur cette terre, c’est bien ceux qui n’ont pas assez d’argent pour plonger dans la folie moderne. 

C’est Dimanche. Sur les rideaux baissés des petits commerces dansent des milliers de tags colorés.
Naples est belle. Métissée, vivante, et populaire. Chaque coin de rue est une scène de cinéma. Esthétisme du non conformisme, du je m’en foutisme. Enfin une ville qui vie naturellement, décomplexée, après une côte souvent rongée par l’argent et le tourisme. Après tant de kilomètres pour y arriver, Naples n’en est que plus séduisante, insensible à la mondialisation survoltée de cette planète. Elle a su rester elle même, ce qui parfois pourra déplaire.

Rues étroites. Médina géante à l’italienne. La vie privée devient vie publique. Les minuscules appartements dont on entrevoit la vie étriquée depuis les fenêtres toujours ouvertes. La famille qui s’entassent, tribu inséparable, autour de la table de l’unique pièce. La vie ici se joue dehors, sur les trottoirs, à volets et fenêtres grandes ouvertes, comme si Naples n’étaient qu’une immense maison.

On retiendra de l’Italie cette sensation de carte postale intemporelle, ses citronniers, ses oliviers, et la douceur de ses journées. On gardera en bouche la qualité de ses produits, le goût des fruits à maturité qu’on avait finit par oublier, ses fromages crémeux et ses glaces parfumées. Sa cuisine si savoureuse, qui nous rappellera que bien cuisiner est avant tout une histoire de bons produits. On regrettera ses petites terrasses aux milles et un cafés qui vous emportent le temps d’une gorgée à l’autre bout du monde. On rêvassera encore longtemps en pensant à ses plages incroyables, et à la vie populaire qui s’anime du matin au soir autour des eaux cristallines. On se demandera où est passé cette joyeuse vie de quartier, quelque peu désinvolte qui anime encore aujourd’hui les rues du fin fond de la campagne italienne, mais aussi les artères grouillantes de ses grandes villes. On lézardera en pensant à la chaleur cuisante de son début d’été, qui nous avait forcé nous aussi, à paresser un peu plus que d’habitude…

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