Mon corps s’habitue au confort rudimentaire de la tente. Les nuits sont de moins en moins hachurées, et les réveils sont chaque jour plus grandioses. Pas après pas nous plongeons un peu plus dans les profondeurs de l’île, nous éloignant progressivement de la réalité. Désintoxication du corps et de l’esprit.
Je comprend enfin cet éloge tant chanté de la marche. Méditation en mouvement. Bercée par la mélodie naturelle du chant des oiseaux, le regard absorbé par l’étonnante richesse végétale. Se gaver visuellement de tant de belles choses occupe suffisamment l’esprit pour ne plus divaguer.
Il faut réapprendre la patience, la privation et la simplicité. Se contenter de ce qu’on nous offre, sans en vouloir plus. Une fois l’effort physique apprivoisé, il faut encore négocier avec les exigences de son intestin, trop habitué à avoir tout ce qu’il désire tout de suite.
Avancer à pied réconforte avec son corps. Il est extraordinaire de voir le trajet que l’on peut parcourir simplement en marchant. Cheminer lentement pour mieux s’approprier les lieux, pour les mériter et les apprécier. Une journée de marche fera de n’importe quel coin de terre un magnifique bivouac car, quand on commence un voyage à pied, on a plus envie de s’enfermer dans une chambre d’hôtel, on y serait trop à l’étroit dans ses beaux draps.