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Sardaigne, un mois à bicyclette

velo en sardaigne
Village Sarde

Un mois de bickepacking en Sardaigne

Un voyage de 30jours en vélo autour de la Sardaigne.

Camping en Sardaigne
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Plage Sarde
Baignade Sardaigne
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Village Sarde
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Tour de la Sardaigne en vélo
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Montagne Sardaigne
Camping montagne Sardaigne
Paysage montgane Sardaigne, tour de la Sardaigne en Vélo
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Montagne Sardaigne
ile asinara sardaigne en vélo
Tour de la Sardaigne en vélo
Camping mer sardaigne

Un mois, une île, 1800km et pas de cuissard.

Jour 5
– Regarde sur internet si il est bon de boire l’eau de cuisson des pâtes.
– Apparemment oui. 
– Ça nous économisera un peu d’eau et ça servira de tisane.
 
Ça c’est nos vacances. Faire nos lessives dans des lavabos de gare, sécher nos sous-vêtements à la terrasse d’un café et se laver avec un litre d’eau par personne en pleine nature. Un quotidien qui ressemble à s’y méprendre à la vie d’un SDF. Le vélo dernier cri en moins. 
 
Au pays des gens qui parlent très fort, la vie ne suit son court qu’entre neuf heures et midi. Au delà de ces horaires, tu pourrais crever la gueule ouverte dirons nous avec poésie (et ton vélo aussi). La Sardaigne s’endort la moitié de la journée telle la belle au bois dormant, laissant le charme grandiose de ses paysages méditerranéens occuper le touriste. 
 
Jour 10
Nous voilà à la ville. La consommation et le repos s’offrent enfin à nous après ces premiers 600km. Les petits charme simple du retour au confort: matelas douillet, douche chaude, machine à laver et cuisine équipée. Le mec du B&B passe environ, 20 min à nous expliquer le fonctionnement de la machine à café. Le reste du logement ne semble pas avoir d’importance. Mon vélo est réparé, mes pneus regonflés, j’ai un acheté un casque et nos estomacs sont comblés. C’est repartit. Mes jambes sont légères, les kilomètres glissent sous les pédales. Les petites douleurs et la fatigue ont disparus pour quelques jours. Les paysages sont beaux. Je commence à sentir l’odeur du voyage.
 
Ce soir en m’endormant dans ma tente j’imagine le camping-cariste voisin montant jusqu’à ce parking à 1500m d’altitude sous la brume et la pluie. Qu’aurait-il pensé en nous croisant une heure plus tôt en serviette de bain sortant de la cascade glaciale ou nous avons organisé notre salle de bain au milieu des chèvres ?
 
C’est à l’heure où les abeilles des ruches avoisinantes dorment encore que nous commençons notre journée. Aussi tôt le matin je peux encore marcher pieds nus sans crainte car les serpents, eux aussi, sont en plein sommeil. Même le soleil peine à se lever. C’est dans le cœur de l’île que se cachent les sardes. Au détour d’un faux plat, entre deux descentes qui montent, au milieu d’une montée à n’en plus finir ou au bout d’une descente à en avoir des fourmis dans les mains. Les petits villages s’animent enfin, les bars se bondent d’hommes sirotant leurs cafés dans des paysages splendides. Les journées sont panoramiques et bouillantes. Les hommes semblent être attablés sur les terrasses depuis des millénaires. Les bandes de pépés sardes, elles, préfèrent stationner loin de l’agitation virile des terrasses installés sur leurs bécanes médicales bridées. Mais où sont les femmes ? Là, au coin d’une rue, hurlant après une ribambelle de gosses affublés de leurs plus beaux maillots de foot. 
On nous observe. On nous offre aisément de l’eau, un verre de vin, un gâteau, du fromage. Le vélo suscite une espèce d’admiration. Pourtant, il me semble devoir redoubler d’efforts lors des mêmes voyages à pieds ou en stop. 
 
La Sardaigne à la douce ambiance des îles. Les rencontres habillent les paysages de personnages attachants. 
 
Costa Smeralda
Retour sur la côte. La chaleur est écrasante, les touristes aussi. 
 
– Please, it’s forbidden to put the bike in the sea. Passport please.
Mon vélo n’est pas dans la mer monsieur l’agent. On vient nous déloger de la plage ou nous pique-niquons. Apparemment le sable blanc est réservé aux sièges pliants et aux parasols coca-cola. Les voyageurs mal peignés ne sont pas autorisés.
 
Le soleil brûle l’asphalte noir. Les Porsche pavanent telles les reines de la côte Est. Le café est plus cher qu’en France et il est servi en anglais. 
Les côtes idylliques de l’île ne sont que d’immenses complexes touristiques. Vides de sens et d’habitants.
 
Ici tous le monde est bronzé, svelte, riche et le cul a l’air. Le matin tu peux apercevoir Roberto et son torse trop doré joggant en caleçon le long de la national, ou encore Jean-Édouard en slip à motifs canard passant son coup de fil pro sur la plage. 
Le long de l’eau turquoise, une famille de sanglier (serait-ce un message divin ?) se balade entre les strings de bain à la recherche d’une chips oubliée. Téléphone en main, les chasseurs d’images à poil mais sans poils mitraillent l’animal sans défense. 
 
Jour 27
Tout va bien. Un peu trop bien. C’est le moment de rentrer, mais je n’ai pas envie de rentrer. C’est enivrant tant de liberté. Ce petit monde parallèle est addictif. On ne voudrait jamais s’arrêter. Le monde réel n’a plus vraiment de sens quand on passe ses journées à pédaler et que l’on dort dans des endroits magnifiques sous un morceau de tissus à trois cent balles. 
 
Il fait beaucoup trop chaud. La stratégie de ces derniers jours consiste à rester le plus près possible d’un point d’eau sans bouger. 
Dans le parc ombragé où nous avons échoué, les groupes d’adolescents se tournent autour. Les garçons se chamaillent comme des jeunes loups pendant que les filles se regardent les fesses en tirant sur leurs jupes ultra-moulantes. J’ai chaud. C’est le défilé de l’âge bête dans ce parc. Sur leurs vélos, les petits mâles se prennent pour des motards mais ils ont oubliés leurs barbes à la maison. Ça fait des pirouettes pendant que je mange mes cacahuètes. Les filles minaudent devant les petits gars aux visages qui rappellent étrangement une pizza margarita sortie du four. Les charmes invisibles de l’adolescence. Un type fait le tour du parc en vélo depuis une heure. Il fait quarante degrés, bouger est une prise de risque élevée. Un enfant passe avec un manteau sur le dos. Rien de va plus dans cette ville. 
 
La femme de l’office du tourisme a la vue des crocs limées de Leo et de sa coiffure crête-crasseuse, à exigée une preuve d’hébergement sur l’île d’Asinara pour nous embarquer. Justificatif que nous n’avons bien évidement pas. Le dernier bateau partira finalement avec nous. La compagnie maritime ne semble pas vraiment concernée par le respect des règles du parc national. Nous plantons fdonc la tente entre les ânes blancs et la mer turquoise. Cette espèce animale typiquement sarde consanguine et abandonnée ici par les hommes est devenue protégée et unique au monde. Le destin ça va, ça vient. Qu’il est bon de se balader nu comme un ver dans des endroits paradisiaques. On se sent comme un Robinson italien sur l’île d’Asinara. La nuit aurait pu être parfaite et reposante sans moustiques ni être humain. Mais une horde de goélands hurleurs à choisi de passer la nuit à se fendre la poire à gorge déployée devant notre tente. Ah la nature. L’isolation phonique, c’est pas si mal finalement.
Sur l’île aux airs paradisiaques parsemées d’anciennes prisons, se baladent aujourd’hui voiturettes de golf, petits trains touristiques et vélos électriques. Les hommes enfermés ont disparus et les ânes de labeurs ont retrouvés leur liberté. On emprisonnait ici les hommes loin du monde et aujourd’hui on vient admirer ses ânes blancs sauvages, couchés le long d’un ancien camps, sans avoir à fournir le moindre effort physique. Que c’est beau Asinara. 
 
Jour 31
C’est la fin. Changement de roulettes. On passe derrière le comptoir. La douce danse des saisons, un pas en avant, un pas en arrière. 
Un mois à un vélo. On avait eu peur que se soit difficile et long, mais ça aura était tellement facile et rapide. La vie sur des roulettes, c’est plutôt bien. Roulettes à moteur ou roulettes à sueur, qu’importe, tant qu’elles roulent. 
 
Nouveau message : «vous rentrez quand ?»
Rentrer ou ? Nous sommes nomade.
 
– Charge ton téléphone, on aura pas d’électricité en rentrant, le panneau solaire est éteint.
 
Il y a de l’eau chaude dans la douche du ferry, j’en profite pour me laver les cheveux. Ce sera plus simple que dans le camping-car. J’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose en sortant. Sûrement tous le sel de la Méditerranée collé à ma peau. Il ne rentrera pas avec moi, lui a préféré retourner d’où il venait. 

Normalement lorsqu’on rentre de voyage, on est heureux de retrouver son petit confort. Eau chaude, électricité, frigo, sédentarité. Notre confort à nous, c’est de s’habituer à ne pas en avoir. Nous passons d’une forme de nomadisme à une autre. En rentrant, il faudra remplir la cuve du camping-car pour se laver, peut-être que la pompe à eau ne fonctionnera pas avant demain si le soleil à manqué ces derniers jours. Nous continuerons de charger nos téléphones aux panneaux solaires, et nous n’aurons toujours pas de frigo. Certes un moteur fera tourner nos roues. Et nous n’aurons pas à chercher ou dormir car nous aurons jeté l’encre au pays du salariat pour les trois prochains mois.
Le plus difficile dans ce voyage là est de savoir chaque soir de quoi demain sera fait. 

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