45 jours sur l'archipel du Cap-Vert
Île de Brava
N’ayant pas de réseau sur l’archipel, nous nous sommes branchés sur le téléphone arabe. Drôle d’idée en pays chrétien me diriez-vous. La rumeur des terribles traversées tournait autour de nous depuis plusieurs jours. Puis, un beau matin, nous sommes entré dans ce comte africain douteux. C’était notre 3e ferry, sans une accroche a déplorer. C’est en traversant de l’île de Fogo vers celle de Santiago que les estomacs des passagers ont commencé à vouloir, eux aussi, voir le paysage. Pendant l’interminable attente de l’embarquement, la presque totalité du bateau a jeté son dévolu sur le minuscule stand de brochettes de rue aux odeurs alléchantes. J’ai alors noté que tous ces ventres débordant de viandes grillées (à la conservation douteuse sous 37 degrés 5), ce n’était pas bon pour une traversée houleuse de 6h. Nous avons embarqué. Les climatiseurs du navire peinaient à atteindre une température de 28 degrés, cela accompagné d’une collante moiteur marine.. Chaque vague provoquait de part et d’autre des hauts le cœur bruyants. Le steward se mit à trottiner dans tous les sens, rouleau de papier sous le bras et gant en latex aux mains. Partout autour de nous, des scènes d’horreur. L’étau se resserrait, quand la vue d’une famille de dauphin nous sauva. C’est beau un dauphin tout d’un coup. Oui regardons bien ce dauphin. Ah mince… Le dauphin a disparu. La gamine devant nous chouine. Mauvais. Et voilà… Le paquet de gâteau prédigéré est maintenant sur le t-shirt de sa mère. Elle sort les lingettes. La gamine a les yeux vitreux, seconde sortie. Maman plaque le sac plastique sur sa tête. Bien sûr ça ne lui plaît pas. Tiens, en voilà un peu pour le sac à main. Elle refile le paquet à papa (pas de gâteau, il est sur son t-shirt). Il se précipite vers les toilettes, claquant l’enfant sur les murs à chaque vague. La porte se ferme, nous imaginons tous la scène à l’intérieur. Le bateau tangue, le lavabo déjà bouché de vomis… Enfin il sort, ou plutôt ces bras portant l’enfant maintenant nue, se tendent vers le steward. Quelques minutes après, il passe la porte, dégoulinant de sueur, le t-shirt maculé de tâches douteuses. Il se rassoit près de moi, l’enfant reste devant avec maman. Très bien. L’estomac est maintenant vide, le périmètre semble sécurisé. Nous arriverons à bon port 8h plus tard, nos entrailles auront tenues le coup. Mais nous avons encore 5 ferries à prendre avant le retour. Et l’insouciance nous a maintenant quitté.
Île de Fogo
Île de San Nicolau
Au plaisir de lire vos retours sur mes fautes d’aurtografe.