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Longues journées sur l’Amazone. Flottant dans nos hamacs, citoyens de cette ville éphémère qu’est le bateau. Des odeurs alléchantes s’échappent des petites cuisines improvisées a même le sol. Chacun c’est approprié sont minuscule espace de vie, exploitant chaque parcelle de terrain disponible, en haut est suspendue le linge, puis les hamacs à l’étage du dessous, et le sol pour cuisiner ou jouer pour les enfants. Dans cette jungle aux 1000 couleurs de tissus règne une tranquillité surprenante, cohabitation simple et enfantine.
Matin trop sucré. Ananas gorgés de fructose, ducle de leite et confiture sucrés trop généreusement, auxquelles vient s’ajouter un gobelet de café à la brésilienne : 4 cuillères à café de sucre sur un café serré. Café puro ? Non on en a pas. Nos bouche de français grince de ce trop plein de sucre. Merci l’industrie.
Le paysage défile tel un décor de cinéma sous les yeux ébahis des petits et grands. Le soir venu, les pontons extérieurs prennent vie, chacun se régale de la fraîcheur du soir qui accompagne les couleurs dorées du soleil qui se couche sur les rives de l’Amazone. Les pirogues d’enfants glissent le long du bateau, réclamant pour goûter, eux aussi, au capitalisme. Les passagers se font un plaisir malsain à leur jeter à l’eau de petits paquets de sucreries industriels inaccessibles dans ces contrés reculés. Étrange zoo humain.
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Nous avions gardé en souvenir du précédent bateau un rhume bien chargé. Euphorique à la sensation de fraîcheur constante de la climatisation du second étage, nous y avions noué nos hamacs sans réfléchir pendant 60h. Trois jours après nous subissions notre stupidité mais cette fois ci encordé au ponton extérieur de notre nouveau bateau. Les 33 degrés déjà difficilement supportable sont devenu un calvaire pour nos pauvres corps accablés par la maladie. Sous le toit de métal du bateau, les degrés s’accumulaient en une fournaise humide sans échappatoire. 48h à suer chaque goutte de ton corps, ou comment guérir en deux jours.
Autour de nous le public avait changé. La bonne ambiance du bateau précédent s’était presque volatilisé, pour laisser place à une étrange nonchalance. Les esprits un peu fou de nos compagnons de route ajoutaient une note mystique à cette croisière qui s’enfonçait chaque jour un peu plus dans la légendaire Amazonie brésilienne. Les occupations se résumés à la lecture de la bible, à la fixation intensive des écrans de téléphones, au tricot, et à se balancer inlassablement sur son hamac. Notre voisine, bien que semblant simplette, elle baragouinait en Portuguais entrecoupé d’indien, de français et d’anglais. Son esprit semblait coincé dans l’enfance, malgré son imposant corps d’adulte. Sous une montagne de frisotis poivre et sel, elle affichait sans cesse un sourire un peu bêta mais auquel il était pourtant difficile de ne pas répondre. Le soir venu elle se blottissait dans son hamac enlaçant deux petites peluches. Parfois, entre deux coups d’aiguilles, elle revêtait ses lunettes, et son visage devenait enfin celui d’une adulte quand elle se plongait dans une sérieuse lecture de la Bible.
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