Côte Nord-Est du Brésil. De Fortaleza à Belem, sur les plages hors du temps du géant brésilien.
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Fortaleza, jour 1.
Havre de la surconsommation et du béton. Les buildings colossaux de Fortaleza dominent la mer, leur imposante masse écrasant toute l’authenticité de ce pays. Mondialisation, coca cola et marchés à touristes ridiculement gigantesque, débordants de marchandises chinoises. Un air de Côte d’Azur, aux accents chantant des tropiques, scènes délabrées du paraître. Fuyons.
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Jour 2.
La peur paralyse. Il faut apprendre à s’en nettoyer, à l’apprivoiser. On nous apprends à craindre, à se méfier, à paniquer. Le négatif attire les problèmes, c’est en relâchant ses craintes que l’on apprend à vivre pleinement. Voyager c’est s’exposer à ces millions de préjugés sur des populations entières. Attention aux vols, attention à la criminalité, restez sur les sentiers touristiques, ne vous mélangez pas, regardez de votre curiosité avide mais derrière les vitres de vos autobus, là bas c’est dangereux.
Voir le mal partout c’est le provoquer, ton état d’esprit construira ton voyage.
On nous conditionne à craindre l’autre. Mais qu’est ce qui pourrait nous arriver de si dangereux finalement ? Un vol d’appareil photo ? Ce n’est que de l’argent. Ce n’est qu’un objet manufacturé que la mondialisation a rendu disponible dans n’importe quel recoin du monde, j’en rachèterai un autre. Une agression ? Quel pourcentage de chance j’ai de me faire physiquement agresser par une personne que je ne connais pas, qui n’a aucune rancoeur contre moi en particulier, une personne qui souhaiterait juste me faire du mal sans raison ? Il y a des fous partout ? Oui surtout sur vos écrans diffusant des séries américaines.
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J’ai regardé « Sugar Land » dans l’avion, et j’ai reculé d’un pas. J’ai réfléchi à toutes ces choses que l’on nous coince dans un coin de l’esprit que l’on prend stupidement pour la vérité. Parce qu’ILS l’ont dit. Il est temps de réapprendre à réfléchir par soi même. Il est temps de ce rééduquer.
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Jour 3.
13km à pied à travers les dunes du parc national. Bandes de sable dorée interminable. Des oasis de verdure parsèment notre chemin. Paradis des oiseaux. Les couleurs pastel du petit matin subliment le paysage. Vol d’oiseaux aux plumes d’un blanc éclatant au dessus de nos têtes, le calme de l’aube, la solitude du marcheur. C’est une bouffée de plénitude à la sortie de l’infatigable Jericoacoara. Ces plages de rêves au sable blanc et aux vagues tempétueuses attirent les foules. Buggy, 4×4, et motos, sillonnent inlassablement la plage pour y déplacer ces touristes trop lourds ou trop pressés pour respecter ce lieu irréel. Jericoacoara à vite fait de te faire oublier ce qui t’as pousser jusqu’à ses entrailles. Mais juste à sa sortie, un magnifique parc naturel, des dunes qui s’étendent à perte de vue, de petites lagunes d’eau abritant des oiseaux bavards et une tendre palette de couleurs se dessinent.
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Nuits écrasantes. Je tombe de fatigue dès que le soleil décline. Les réveils sont matinaux, il faut toujours se lever plus tôt pour contrer la chaleur brûlante du soleil brésilien. Et le soleil ici, il est bien matinal, 5h30, il sort déjà ses premiers rayons.
Cristiano nous prends à bord de son poids lourd d’un temps lointain. Même cet énorme machine peine à avancer sous le soleil cuisant de l’après midi. Les paysages défilent sur la route interminable. Une ligne droite tracée entre le désert.
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Filles aux longs cheveux se pavanant sur la plage, bikinis colorés et poitrines débordantes, le cliché de la kite surfeuse de magasine. Les garçons, torses musclés, peau couleur caramel et crinières ondulantes de sel, chantonnent leurs leçons de kite aux petites touristes à la peau blanche. Atins, village perdu au fond des dunes, attire comme des aimants les plus beaux spécimens du Brésil. Des brochettes d’amateurs de glisse viennent s’abandonner aux vagues isolées des immenses plages de ce lieu hors du temps. Entre fumeurs de joints se balançant dans leurs hamacs, et jeunesse dorée et décontractée, cet îlot reculé de toute civilisation aux rues de sable reste pourtant préservé du tourisme destructeur.
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Magalie voyage comme dans un métro parisien. Elle saute d’avion en avion, avale les kilomètres d’une traite, boulimiquement. Elle veux tout voir. Machu pichu, Iguazú, salar d’uyuni. Tout les must du continent, elle doit les ramener dans son petit boîtier numérique qu’elle a toujours à la main. À son poignet, bien accroché, sa montre au tic tac nocif s’accroche pour suivre le rythme. Elle connaît son programme par cœur, chaque étape est adroitement planifiée. Pas besoin de la conseiller, elle a dévoré le guide touristique, et de toute façon elle n’a pas le temps pour l’imprévu.
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