Nouvelle Zélande

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15 Septembre.
La première chose qui m’a choquée, c’est le nombre d’indiens dans l’avion. Combien de passagers y a t-il à bord d’un tel avion ? 200 ? Plus ? Les 3/4 d’entre eux prônaient des passeports indiens. Immigration de masse. Ils étaient loin d’être autant lors de mon premier voyage. Arrivée sur le territoire néo-zélandais, c’est la bonne humeur et l’amabilité des kiwis qui m’a ensuite intrigué, j’avais oublié cela.

Vie t-on de la même façon un deuxième voyage dans le même pays ?

Que peux apporter un retour ?

Pour bien connaître un pays, une ville, il faut y passer beaucoup de temps, afin de pouvoir voir ce qui se cache sous la masse. Trop de mouvement tue le mouvement. Bouger oui, mais sur la longueur. J’ai les bases, je connais le fonctionnement de la Nouvelle Zélande, à moi maintenant de creuser le pays.
Raymond Depardon disait dans un de ses livres, que « La solitude est nécessaire pour le regard. »
Savoir dire stop et reprendre la route toute seule quand il sera temps.

Je regarde mon passeport, les dates sur mes visas, et je me rends compte que finalement, même si je dis fuir la routine, c’est belle et bien une petite routine que je me suis créée. Chaque années, aux mêmes dates, à deux semaines prés, un nouveau départ. Ce qui me fait peur, c’est que je commence à m’accoutumer au voyage, à ne plus coller mon nez au hublot de l’avion aux atterrissages, à ne plus être alerte dans les aéroports, parce que je connais. Et si je devenais blasée de voyager ? Qu’est ce qu’il me resterait ?
Je cherche une coupure. Une liberté. Je cherche à me sentir légère et insouciante. Et avant tout à être occupé mentalement, pour ne plus me torturer l’esprit. Comme un enfant qui découvre le monde, voilà ce qui me fait frissonner dans le voyage. Ne plus avoir de point de repère.

 

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Je suis dans l’avion pour Queenstown. Je suis dans ma bulle. Trop énervée pour dormir, trop fatiguée pour réfléchir. Je pense. Beaucoup trop. Il reste une heure de vol. Après 12h de Paris à Kuala Lumpur, 2h d’escale, 10h de vol de Kuala Lumpur à Auckland, une escale de 7h à Auckland avant de reprendre un vol pour Queenstown. Je n’en peux plus. Mon voisin doit penser que je suis sous cocaïne ou je ne sais quoi. J’ai d’un coup un gros passage à vide. Je fais une connerie. Je n’ai pas vraiment envie de le revoir. Je n’ai pas envie de retourner dans ce pays. Je n’ai pas envie d’être là. Mon cerveau commence à enclencher les rouages de la machine infernale. Il faut que je m’occupe, vite. Je colle mon nez au hublot. Libération. Le paysage est magnifique. Nous survolons les montagnes enneigées. C’est juste magique. Les picotements du voyage reprennent. J’arrive à l’aéroport, il est là, inchangé. Je ne comprend pas trop ce qui m’arrive, mais je suis soulagée de le voir. Tout ça est tellement étrange.

 

post-queenstown112 Octobre.
Queenstown, un mois. Retour à la vie en ville.

Aujourd’hui c’est dimanche, un de ces dimanches matins lourds des excès de la vieille. Un de ces dimanche matin où tu sais très bien que dans 10 heures tu iras te recoucher sans même à avoir à changer de tenue. Le vent souffle, d’énorme bourrasques font trembler notre pauvre petite cabine, il pleut à verse. C’est un de ces dimanche où tu te sens bien au chaud chez toi sous ta couverture.

Je me réveille tous les matins avec vue sur les majestueuses montagnes bordant le lac Wakatipu. Je me couche avec le ciel illuminé des nombreuses étoiles qui peuple le ciel de Nouvelle-Zélande. La nuit le ciel parait si bas qu’on a l’impression de pouvoir attraper les étoiles avec un filet à papillons. Carlos m’a raconté qu’un soir en rentrant du travail il a vu le ciel teinté de vert des aurores boréales. En tendant très fort le bras je pourrais presque toucher le pôle sud tellement nous en sommes prés.

 

Queenstown est une pseudo station de ski. La vie est chère, les bars sont tendances, les restaurants débordent toujours de monde, dans les clubs affluent les accros des montagnes, les boutiques sont branchées. Mais Queenstown reste en Nouvelle Zélande, les 70% des gens qu’on y croise sont des touristes, et en 10 minutes à pied tu peux faire 3 fois le tour de la ville.

 

Je n’ai pas bougé de cette ville. Les premiers jours je ruminais, je ne savais pas vraiment que faire. Est-ce que voyager dois toujours rimer avec consommation excessive et déplacement permanent ? Peut-on voyager en restant sur place ? Avec un peu de temps, j’ai appris à apprécier cette ville, et à calmer mon impatiente de grande consommatrice occidentale. Si il y a bien une chose qu’on apprend en vivant dans les communautés hispanique, c’est à prendre son temps. Souvent un peu trop. Remettre les choses au lendemain est une devise. Prendre le temps d’observer, de vivre au rythme d’un pays, et non juste de passer de ville en ville pour quelques jours.

 

Une des choses agréable en Nouvelle-Zélande est la qualité de vie. Avoir de l’espace.
Ici les maisons on presque toutes de grandes fenêtres couvrant une façade entière. Les intérieurs sont lumineux, comme si tu vivais dehors. J’ai récupéré le vieux canapé qui trainé à coté de chez nous, je l’ai nettoyé et installé devant l’entrée avec la table en bois. Les gens s’y installe maintenant naturellement. Il n’est pas rare que je rentre et que j’y trouve Isaac installé à lire un bouquin. Où qu’en sortant de la douche je les trouve tous les trois en train de fumer leurs cigarettes au soleil. Les cabines sont louées vides, régulièrement quand un voisin s’en va, il vient faire le tour du park pour donner ses meubles. Les gens sont là à long terme, avec l’arrivé des beaux jours, la vie reprend, les gens vivent dehors, les latinos sortent les bbq, nos voisins ont improvisés un petit jardin en palettes, on se sent comme dans un petit village.

 

Les journées passent vite. Je vis au ralenti, prends trop de temps pour faire des choses inutiles, je fais pousser des plantes dont personne ne s’occupera si je pars, je cuisine à la française ce qui me coûte une fortune. Je démonte, remonte, visse et dévisse, bricole, récupère pour refaire. Je reprend enfin le temps de faire quelque chose de mes dix doigts. Le soir je fais des listes avec lui, quand je le sens calme et apte à écouter, de mots anglais, espagnol, français, on essaye de faire rentrer miraculeusement tout ce vocabulaire dans nos têtes. D’emmagasiner une troisième langue. Je me demande par ou commencer pour apprendre une langue à quelqu’un.

 

25 Octobre.
Le travail est-il la santé ? Peut-on survivre psychologiquement sans travailler ?
L’enjeu est de savoir être créatif, inventif.
Finalement le plus dur est-il de travailler ou de ne pas travailler ?
N’est-ce pas plus simple finalement de se laisser aller à la paisible vie salariale que de se torturer l’esprit tous le jour pour trouver comment s’occuper. Est-que la vérité est que la vie est si longue que pour remplir ses journées, la seule chose à faire est de travailler ?

 

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7 Novembre.
Isaac rentre du skate park, il me raconte qu’il s’apprêtait à skater, quand il a aperçu dans la bowle (une sphère creusée, aux parois raides pour skater) une chinoise tentant d’en sortir. Il essaye de lui parler mais elle ne comprend pas un mot d’anglais. La pauvre fille essaye tant bien que mal de grimper sur les parois de la bowle sans parvenir à en sortir, elle glisse à chaque fois et retombe au fond. Isaac descend et la pousse pour l’aider à grimper. Elle le repousse lui faisant comprendre qu’elle ne veux pas qu’il la touche. Ok, mais Isaac est venu pour skater et la malheureuse le gêne. Il remonte, lui attrape les mains et arrive finalement à la sortir du trou. La jeune femme s’en va sans un merci, ni sourire, presque en colère. « Pour qui elle se prend ? Si je ne l’avais pas aidé elle serait probablement encore dans son trou.”

 

29 Octobre.
Chuco nous à inviter à partager le repas hier soir chez lui. Il est cuisinier, son colocataire aussi. Tous les deux aux fourneaux, comme dans une vraie cuisine, malaxant la pâte, le second découpant les gnocchis, chacun son rôle, une cuisine organisée et efficace. Les cuistos sont toujours des gens avenant et généreux. Ils nous ont servis de généreuses assiettes de gnocchis fait maison, débordant de crème aux épinards. Les discussions ont cheminées toutes la soirée en espagnol, sans aucun effort pour répondre en anglais à mes questions. Ne jamais leurs laisser entrevoir que tu es capable de comprendre ce qu’ils disent !  Pourquoi pas. C’est comme ça qu’on apprend. J’ai du mal à me concentrer plus d’une heure pour suivre 10 personnes échangeant en espagnol. Cela m’épuise, au bout d’un certain temps c’est comme une pierre qui tombe sur mon crâne et je ne comprends absolument plus rien.

7 Novembre.
La Nouvelle Zélande est quand même un pays magnifique. Je n’avais pas passé plus d’une journée ou deux avec Pierre à Queenstown la première fois. C’était la fin de l’hiver, je n’y avait pas trouvé vraiment d’intérêt. Aujourd’hui je comprend mieux pourquoi tous le monde raffole de cette ville. Sur la durée il est vraiment agréable d’y vivre. Quand le soleil illumine le lac, ou quand il se couche derrière les montagnes, la vue est juste magnifique. Il y a des tonnes de randonnées à faire, toujours avec des paysages superbes.

 

Je cuisine beaucoup. Carlos est un peu un prolongement de mon voyage au Mexique. Quand il se met aux fourneaux, il me fait toujours peur. Je le vois sortir du sucre roux pour cuisiner du saumon, du jus d’orange frais avec les asperges. Faire un gratin avec les crevettes fraîches, les asperger de fromage et de crème. Mais le résultat est toujours tellement délicieux ! Je le vois s’émerveiller devant une quiche, ou une tarte tatin. Être dans un autre pays que le sien permet de rendre incroyable ton quotidien. Vivre avec des personnes de nationalités différentes est un puits sans fin de nouveautés. La différence culturelle, et la générosité qu’ils ont à la partager est comme retourner à l’école.

 

Je pars bientôt pour un court voyage en Asie. Cela me stresse, je suis obligée de tous organiser, de tout planifier à la lettre, mais je n’ai pas vraiment le choix. Je saigne les sites de voyage, emmagasine toutes les informations possibles pour rentabiliser au mieux ces 20 jours.

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