Cher Vietnam

Sapa

 

Je suis tombée sous le charme. Hanoï est rythmé par le vacarme incessant de ses scooters. Comme un océan, avec ses vagues de véhicules qui t’emportent.

En plein milieu de la ville j’aperçois une chèvre accrochée à un mur. Les vélos, les voitures, les scooters, les piétons, vont et viennent dans un remue-ménage incessant. Le bruit, les odeurs, les images, dur de concentrer ton attention sur le guidon de ton vélo. La route c’est la loi de la jungle, tu traverses les croisements à huit branches au feeling, en essayant de gérer les 200 scooters qui débarque de tous les cotés. Le plus gros véhicule a le pouvoir total, si un piéton traverse la route, ce n’est pas au bus, ou même à la voiture de ralentir, ils ne s’arrêteront pas, à toi de te démerder pour sauver ta vie.

 

Vietnam

 

Les gens sont souriants, aidants et joueurs. Le choc par rapport à la Thaïlande où personne ne t’adresse la parole. Le Vietnam est différent de ses voisins le Cambodge et la Thaïlande. Pas de temples brillants et colorés, ici, c’est influence chinoise. Bouddha joue des coudes pour se faire une place dans ces pagodes que j’ai encore du mal à situer sur le plan religieux. Dans les petits resto, on sert des tonnes de plats et on partage les assiettes. On sert le thé avec du gingembre frais, du citron et du miel, des milshake avocat/ noix de coco. Sur les cartes, on propose du buffalo et du chien. Les bouibouis sur les bords des routes te servent du thé vert à des prix si bas qu’ils ne sont pas convertibles en euros.

 

femme2 dec. J’ai passé la soirée avec cette vieille dame. Je l’aime bien, elle est très calme, elle trouve tout merveilleux, un peu trop même. Je rencontre trop de monde, je me sens bien. Je ne pose aucune question, je navigue de personne en personne, je bois ces rencontres, je vis au jour le jour sans remplir des pages de mon cahier avec  des projets que je ne réaliserais jamais. C’est là, maintenant, que je suis épanouie, c’est ici que je me sens bien dans ma vie. Je sens que j’ai besoin de solitude, que cette présence permanente me gêne. J’aime être seule finalement. Les autres brouillent mes pensées, m’empêche de réfléchir. Je suis trop concentrée sur les autres pour voir de mes propres yeux parfois.

 

Écrire sur le Vietnam. Bizarrement je n’ai presque pas collé un mot sur mon cahier depuis deux semaines. Suis-je trop happée par cette ville ? J’ai du mal à saisir ce pays. Il y a trop d’éléments. Ces 2 semaines sont définitivement trop courtes. J’ai beau passer 15 fois par la même rue j’y découvre quelque chose tous les jours. Hanoï me fascine. Est-ce le fait d’être avec L., et de comprendre la ville à travers ses yeux d’urbaniste ? Cette ville est un bouillon, un mélange incroyable de cultures, oscillant entre les temples chinois, les maisons à l’architecture française, les couleurs scintillantes des tissus des ethnies montagnardes, ses petits cafés à la parisienne à chaque coin de rue, ses marchés grouillants comme des ruches, son trafic hallucinant. Décrire cette ville est quasiment impossible. Arriver à Hanoï, c’est comme rentrer dans une fourmilière. Je me suis mise mainte fois devant mon ordinateur, j’ai ouvert des dizaines de fois mon carnet, mais à chaque fois, les mots me manquent. Rien ne sort.

 

La Nouvelle-Zélande a ce calme relaxant qui permet de réfléchir et de produire. Ici, en Asie, tout est si vibrant que ton esprit est comme absorbé par l’extérieur. Peut-on s’habituer à cette ville et faire abstraction ?

 

 

Hmong

 

Les montagnes de Sapa. Je me souviens de leurs regards. Jo nous avait prêté des costumes traditionnels pour aller à cette fête réunissant les petits villages des alentours. Elles avaient toutes leurs regards braqués sur nous. Je me demandais si elles trouvaient cela irrespectueux, ou si elles s’amusaient de nos corps d’occidentaux trop grands pour leurs beaux habits, si elles trouvaient curieux nos visages blanc qui contrastés avec ces couleurs flamboyantes… Ces gens avaient envie de partager leurs traditions. Ils étaient fier de leur modes de vie. Et ils avaient de quoi l’être. Les Hmong sont des tribus montagnardes du Nord du Vietnam  et du Laos, vivant autour des frontières chinoises. Ils ont leur propre dialecte, et ne parle pas vraiment vietnamien, les enfants l’apprennent à l’école mais ne le pratiquent pas dans leur vie courante. Mais les femmes de ces villages parlent de manière presque fluide l’anglais, alors qu’à Hanoï personne n’aligne trois mots. Elles ont vite compris que le tourisme pourrait leur rapporter beaucoup d’argent, et plutôt que de laisser les hôtels leurs envoyer des touristes, elles ont appris d’elles même l’anglais et elles descendent dans les villes vous attraper à la sortie du bus. Elles sont de formidables guides pour les trekkings, pleines d’énergie, souriantes, et par dessus tout ce sont des personnes extrêmement intéressantes qui prendront toujours le temps de répondre à tes questions. J’étais bluffée. Ici le tourisme n’avait rien dénaturé. Au contraire, il améliorait nettement la qualité de vie de ces gens, qui ne faisaient rien pour se plier aux exigences ou aux modes de vie de ces voyageurs aseptisés. Les villages étaient restés presque authentiques.

 

Au revoir Vietnam. Les aéroports du départ m’angoissent. Ces espèce d’endroits aseptisés, ces bulles de vides au milieu du brouhaha incessant. Cette solitude des heures d’attentes. Seule avec toi même. Je recommence à imaginer dix milles projets de vie, à chercher une solution pour l’avenir. L’angoisse. Keep moving.

 

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