Cambodge

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Battambang. Il fait chaud, encore et toujours. 6h de bus, pas de ventilation, sièges en cuir. Ce n’est pas grave. Le temps passe vite, sans rien faire, juste garder le nez collé à la fenêtre à regarder. Les voitures pleines à craquer, les quarante gamins qui rentre de l’école chargés sur une drôle de remorque à moteur. Le concert des klaxons tout le long de la route. J’aime ce pays.

 

Je mange un morceau dans ce petit restaurant à ciel ouvert, au bord de la rivière. Des petites tables en plastique sont étalées par dizaine, de petites cuisines de rue ont été improvisées.

Je commande une soupe qui arrive sans attendre. Je suis absorbée par le mouvement bouillonnant de ce lieu, les gens viennent en petit groupe, des farandoles de plats sont disposés sur les tables, on parle, on rie, les fumées des cuisines flottent dans l’air. Un enfant s’approche de moi, il a le visage dure, celui d’un homme qui sort d’un long séjour en prison. Il doit avoir à peine 12 ans. Il me fait peur. Une large cicatrice traverse son front. Il me demande une cigarette, je n’en ai pas, Thibault lui en tend une, l’enfant l’allume, tire une bouffée et repars.

 

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Siem Reap. Réveil 6h. Mon lit est trempé de sueur. La nuit a encore était très chaude. La navette a 30min d’avance et klaxon d’impatience, pas le temps de prendre une douche, et de toute façon il n’y a pas d’eau ce matin. On me  trimbale de bus en bus, de station en station. Il y a toujours un cambodgien pour me crier le nom de ma destination et me montrer du doigt la navette suivante. Leur anglais n’est vraiment pas bon, ils ne comprennent pas la plupart du temps ce que je dis. J’attends. Une petite fille cours partout pieds nus, elle accompagne sa maman et sa grand-mère sur leur stand de brochettes en attendant l’heure de l’école. Les vendeurs ambulants se succèdent à bicyclettes, pour vendre du pain, des soupes, des boissons, puis c’est au tour des femmes avec leurs grands paniers sur la tête, mangues, gâteaux, elles veulent toutes absolument que tu leurs achète quelque chose. Me voilà enfin dans le vrai bon bus, qui refait le trajet en sens inverse et repasse devant toutes les stations. Ne pas chercher à comprendre.
Le chauffeur n’est pas vraiment pressé, et s’arrête des millions de fois sur la route pour acheter à manger ou à boire. Je me rends compte au passage qu’une fois de plus j’ai oublié ma bouteille d’eau je ne sais où. Au Cambodge l’eau des robinets n’est pas potable. Et moi petite française, je n’arrive jamais à faire descendre le prix en dessous de 2000 riels le litre (0,40€), à 3 litres d’eau par jour, en oublier la moitié commence à me taper sur le système, surtout quand je sais qu’un trajet de minimum 5h m’attend (avec un départ 1h après et des arrêts tous les 5km je le sens plutôt mal).

 

PhnonPhen

 

 Kampong Cham. Une jolie petite ville sur le bord du Mékong, sans trop de touriste. En fin de journée la vie reprend, sur le bord du fleuve les gens jouent au football, au badminton, dansent, mangent, les jeunes alignent leurs scooters et se retrouvent pour bavarder. Le marché est l’un de mes préféré, il reste simple, et plutôt propre. J’ai évité les balades en tuk-tuk pour touriste cette fois. Je suis un peu gavée de ses tours 100% touristes qui coûtent les yeux de la tête et que tout le monde fait. Je crois que je suis malade.

 

Vendredi 25 Avril. Il fallait que ça arrive, intoxication alimentaire. Je grelotte, je suis trempée de sueur, ma tête va juste exploser, une bonne diarrhée par dessus tout ça. Tanguy qui vient frapper à ma porte pour partager la chambre. Je ne lui ouvre pas. Qu’il se prenne une chambre. Je n’ai juste pas le courage de me lever et de l’envoyer chier. Ma nuit s’agite entre rêves hallucinatoires, sueur et grelottement. Je me lève tant bien que mal pour partir pour Kampot. Bien sur dans le bus je suis assise juste au dessus de l’enceinte. Merci. Mon casque ne couvre même pas la musique. C’est partit pour 8h de trajet… Arrivée 21h. Il fait nuit. Mon shampoing a explosé dans mon sac. Les chauffeurs de tuk-tuk me sautent dessus dès que je descends du bus. Je pars à pied. Je me fais attaquer par des chiens. La route pour mon hôtel est un sentier en terre. J’ai toujours la gerbe. J’arrive enfin, le quartier est juste vraiment effrayant. La lumière des douches ne marche pas. J’ai chaud. Je crois que j’ai perdu 30$. Mais tout va bien.

 

26 décembre. Toujours à l’agonie. Je passe mes journées à dormir. Les chauffeurs de tuk-tuk et de moto-dop me harcèlent pour me vendre leurs tours à 20$. Je commence à m’énerver. La poste est toujours fermée. Je suis à l’agonie à chaque fois que j’avale quelque chose. Une intoxication alimentaire par 37 degrés, quelle merveilleuse idée…

 

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Sihanoukville. La ville où le Cambodge disparaît. Le touriste est ici roi, j’ai d’ailleurs l’impression que la ville n’existe que pour le tourisme. Mais pas n’importe lequel. Cette ville est une grosse déception pour moi. L’usine à touriste par excellence. Le repaire à vieux pervers dégueulasses. Le spectacle est désolant. Les russes accourent par troupeau, ils sont en train de racheter toute la côte, et de développer ce tourisme peu ragoûtant. Les petits bouiboui typique ici tu oublies, la plupart des hôtels sont tenus par des étrangers, à la carte des restaurants la partie “western food” prends le dessus sur la nourriture khmer. Le Cambodge perd de son charme. Malgré des plages sublimes, et de petites îles paradisiaques, l’envers du décor ne vous laisse pas prendre plaisirs à la beauté des paysages. Les enfants de 4 ans crasseux mendiant dans les restaurants, comme à Siem Reap, le tourisme ici n’arrange pas les choses. Je passe rapidement mon chemin.

 

Le Cambodge. Dur de ne pas tomber sous le charme de ce pays. Même si les premiers jours peuvent être quelque peu effrayant, on oublie très vite nos à priori d’occidentaux. Le Cambodge c’est 40% de la population en dessous de 16 ans. Des journées rythmées au son des joyeux “hellooo” des enfants. Des Cambodgiens curieux et respectueux. Un pays qui te prends aux tripes, avec son histoire dure à avaler, sa pauvreté, ses enfants qui travaillent plutôt que d’aller à l’école, sa saleté. Un pays qui t’émerveillera un jour et te mettra hors de toi le lendemain. Une belle leçon de vie, quand on voit tous ces sourires au milieu de temps de malheurs…

 

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